Le passage canon d’Andre Dawson à Québec

Lien vers le quotidien Le Soleil :

PHOTO : André Dawson, en 1983, en compagnie du regretté journaliste Claude Larochelle. Crédit : Le Soleil. 

Le 11 septembre 1976, le voltigeur André Dawson s’alignait avec les Expos de Montréal et foulait le terrain du Stade olympique pour la première fois, mais c’est à Québec, quatre mois plus tôt, qu’il avait appris les mots « poulet » et « patate »…

Mise en contexte de l’époque: le baseball se porte très bien dans les années 1970 à Québec. La filiale des Expos évolue dans la Ligne Eastern de calibre AA, tout d’abord sous le nom des Carnavals, avant de changer pour les Métros, en 1976 et 1977.

Le club-école des Expos comptera sur plusieurs espoirs ayant ensuite fait le saut dans la grande ligue. Le lanceur Steve Rogers et le receveur Gary Carter joueront à Québec, en 1973, avant de devenir deux futures vedettes du baseball majeur. La saison 1974 sera la plus fructueuse car pas moins de quatre joueurs connaîtront ensuite une brillante carrière et marqueront l’histoire des Expos, soit le voltigeur Warren Cromartie, le troisième-but Larry Parrish ainsi que les voltigeurs Jerry White et Ellis Valentine.

Les soirées au Stade municipal, comme on l’appelait jusqu’à tout récemment, sont marquées par des équipes électrisantes, mais la survie du club est précaire. Les débuts de saison commencent tôt, il fait froid et pendant les deux premiers mois du calendrier, les gradins sont presque vides.

À la fin de l’année 1975, le club connait de sérieux problèmes financiers et M. François Bonnetto rachète l’équipe et la renomme les Métros. Plusieurs sont sceptiques sur l’avenir de la formation québécoise. Qui plus est, tous les bons joueurs ont gradué avec les Expos.

Mais voilà qu’arrive alors André Dawson. Le grand Floridien est pratiquement inconnu, au départ, mais en l’espace de quelques jours, les choses vont changer. Dawson, qui est déjà un voltigeur de centre, semble être le prototype parfait du joueur complet. Il est rapide, puissant, possède un bras canon et frappe des coups de canon.

Il a passé la saison 1975 dans la Ligue des recrues. En arrivant au camp des Expos, il gradue immédiatement dans leur AA avec les Métros. Il se présente donc en avril 1976 à Québec. Le temps est maussade, comme c’est souvent le cas, et il écrira même dans son livre n’avoir jamais autant gelé dans sa vie que lors de son séjour à Québec.

Dawson est déjà surnommé « The Hawk », comme le souligne le journaliste Jacques Arteau, du quotidien Le Soleil. Tel un épervier, il couvre en défensive si grand de terrain que parfois, on se demande s’il ne pourrait pas couvrir le champ extérieur à lui seul. Son article du 6 mai 1976 titré « André Dawson, recrue, et déjà leader des Métros » souligne qu’il domine alors les statistiques des Métros dans 6 départements.

À la mi-mai, il propulse une flèche qui entre dans la légende. Elle n’atteint pas 30 pieds en hauteur. La balle atterrit sur les terrains de tennis du parc Victoria, derrière la clôture du champ gauche.  Pour plusieurs observateurs de l’époque, c’est plus qu’un coup de canon, c’est un coup de fusil!

Il aime Québec et prédit qu’il apprendra bien vite le français, à tout le moins pour se nourrir. « C’est bien ça, potate au four, c’est très bon », dira-t-il à la blague.

Son confrère Maurice Dumas, ancien chroniqueur sportif au Soleil et grand amateur de baseball, lui prédit plutôt une saison complète à Québec, mais Dawson est trop fort pour faire ses classes aussi longtemps à ce niveau. Il ne jouera que 40 parties en tout, devant souvent moins de 1000 spectateurs qui bravent les temps peu invitants. Il dispute son dernier match le 7 juin en donnant une victoire 3-2 des Métros aux dépens de Trois-Rivières devant 938 spectateurs.

« Encore heureux que le public du baseball « AA » de Québec n’ait pas voué son attachement pour un joueur en particulier. L’amertume serait d’autant plus grande de voir partir un joueur comme André Dawson » écrira Jacques Arteau.

Sa moyenne de .357 l’a propulsé dans la filiale AAA des Expos, À Denver, un température plus clémente lui permet d’en mettre plein la vue avec 12 circuits à ses 14 premiers matchs devant des foules atteignant 20 000 spectateurs. Il gradue définitivement le 11 septembre 1976 avec les Expos à Montréal pour ne plus jamais regarder derrière par la suite.

L’année suivante, Dawson est nommé la recrue de l’année de la Ligue nationale. Dans toute sa carrière, André Dawson a récolté plusieurs honneurs, dont huit gants dorés pour la qualité de son jeu en défensive.  Seulement quatre joueurs dans l’histoire des majeurs frapperont plus de 400 circuits et voleront au moins 300 buts, soit Willie Mayes, Barry Bonds, Alex Rodrigez et, vous vous en doutez, « The Hawk ».

Il prendra sa retraite en 1996 et sera intronisé au Temple de la renommée du baseball en 2010.

Sa présence à Québec n’aura pas eu l’impact que celle de Gary Carter, mais quelques irréductibles amateurs peuvent encore dire, avec justesse, qu’ils ont vu l’Épervier dans toute sa splendeur au Parc Victoria au printemps 1976.

Pierre-Yves Dumont pour la Société d’Histoire du Sport de la Capitale-Nationale.

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